Jean-Paul Celea

Né le 6 janvier 1951 à Philipeville (Skikda) en Algérie.

La carrière de contrebassiste de Jean-Paul Celea embrasse avec une même exigence l'univers de la musique contemporaine et de la musique improvisée. Fondée sur un long apprentissage aux conservatoires de Strasbourg puis de Paris, et enrichie d'une activité étoffée et diverse d'interprète, sa pratique de la contrebasse en a fait également un pédagogue réputé qui a enseigné de 1992 à 1997 au Conservatoire de Lyon et, depuis 1998, est professeur au Conservatoire national supérieur de Paris. D'abord orienté vers la musique de répertoire et la création contemporaine (il a été membre de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg de 1973 à 1976 et a joué dans l'Ensemble intercontemporain en 1976-1977 sous la direction de Pierre Boulez), Jean-Paul Celea s'est tourné vers la nébuleuse agitée des musiques improvisées qui fourmillaient dans le milieu des années soixante-dix d'appétit d'invention et d'expérimentation. Fort de sa virtuosité, il travaille aux côtés de quelques-unes des figures marquantes de la période (Michel Portal, Daniel Humair, Steve Lacy…) mais c'est sa rencontre avec le pianiste François Couturier en 1976 au sein du groupe de Jacques Thollot qui s'avérera probablement la plus durable et la plus fertile : le tandem qu'ils forment ensemble a connu de nombreuses occurrences, l'une des plus notables étant, en 1981, leur rencontre avec le guitariste John McLaughlin par l'intermédiaire de Katia Labèque, qui les engage dans les Translators et les emmène en tournée aux Etats-Unis (« Belo Horizonte », Warner Bros.).

Par la suite, Celea intègre également les rangs du Pandémonium de François Jeanneau et ceux du Vienna Art Orchestra (1982-83) dans lesquels il fait la connaissance du batteur autrichien Wolfgang Reisinger. Leur complicité continue trouve son épanouissement dans différentes formations : Air Mail (avec Harry Pepl et Wolfgang Puschnig), le European Jazz Trio avec François Couturier (1989) qui devient le quintet Passaggio (1990) avec l'adjonction du clarinettiste Armand Angster et de la soprano Françoise Kübler qui sont, comme Celea, membre de l'ensemble Accroche note (1990-1996), ou bien encore le trio de Joachim Kühn (2000). Celea et Couturier se retrouve également auprès du luthiste tunisien Anouar Brahem pour des échanges à la croisée des musiques du bassin méditerranéen : "Je ne me considère pas comme étant le spécialiste d'un domaine particulier. J'essaie d'élargir ma technique à la perception sensuelle que j'ai de différentes musiques que je pratique. (...) Les techniques s'ajoutent les unes aux autres jusqu'à ne faire qu'une, fantastique véhicule d'expression de musiques différentes, qui elles aussi se nourissent l'une l'autre."

Depuis la fin des années 1980, le contrebassiste est revenu de manière plus visible à son intérêt premier pour la musique « contemporaine » en tant qu'interprète mais aussi improvisateur. Il est le dédicataire de pièces de contrebasse solo composées par Pascal Dusapin (In & Out, 1989), Marc Monnet (Fantasia Oscura, 1989), James Dillon ou encore Michel Redolfi (Portrait de Jean-Paul Celea avec contrebasse, 1991). Jean-Paul Celea forme avec Wolfgang Reisinger et le saxophoniste David Liebman un trio (parfois désigné du nom de l'un de leurs albums, World View Trio) qui se reforme périodiquement depuis sa création en 1996. En 2003, Jean-Paul Celea s'implique avec la complicité de Daniel Humair dans deux trios qui l'associent à des figures du jazz européen, l'un avec le pianiste suédois Bobo Stenson ; l'autre le saxophoniste anglais John Surman.

Vincent Bessières